Musée des arts décoratifs

Le design en mouvement

Valoriser les objets au cœur de la vie quotidienne, voilà l’ambition respectable du Musée des arts décoratifs installé dans le Palais du Louvre depuis plus d’un siècle. Design est le maître-mot des collections permanentes qui retracent six siècles d’histoire de cette discipline et tentent de comprendre l’association du goût et du fonctionnel. Redécouvrez ces objets du quotidien du tout premier modèle aux spécimens d'aujourd’hui.

Informations Générales

Les débuts du Musée

Le Musée des arts décoratifs propose une exploration de l’évolution de l’objet, de la matière et du design au fil des siècles à commencer par le Moyen-Âge. Les périodes historiques sont réparties sur cinq sections qui donnent à voir la richesse des collections du musée et l’importance du beau dans le quotidien des hommes depuis des siècles.

Dès ses débuts, le musée est déterminé à valoriser ce qui, dans les années 1850, était pudiquement appelé les arts industriels. Ces arts «mineurs», liés à la vie quotidienne et à son décor s’opposaient alors, par principe, aux arts «majeurs» comme la peinture ou la sculpture dont l’unique raison d’être était l’esthétisme. Mais quinze ans plus tard, à l’instar des fondateurs du South Kensington Museum de Londres, les artistes et collectionneurs parisiens se fédèrent. Ils fondent alors l’Union Centrale des Beaux-arts Appliqués à l’Industrie pour enfin donner à la discipline qu’ils pratiquent la place qu’elle mérite dans le paysage artistique français.

Installée Place des Vosges, l’union se dote d’une bibliothèque et se revendique «musée-école» avant de devenir enfin, en 1882, la très influente Union Centrale des Arts Décoratifs (UCAD). Puis en acquérant le statut d’association et déclarée d’intérêt publique, l’union étend ses ambitions et emménage dans le Palais du Louvre en 1905. Au fil des années, les collections s’enrichissent et atteignent les 150 000 œuvres de nos jours. Le musée a conservé sa structure singulière qui lui permet d’allier mécénat, investissements privés et fonds publics, et de se placer au devant de la scène muséale parisienne.

Des objets d’art

En se laissant aller d'étage en étage, on parcourt les décennies, on glisse entre les univers, on devient les témoins du temps qui s'écoule et des goûts qui transitent. Du classicisme au baroque, du gothique à l'abstrait, les styles défilent au fur et à mesure que les salles s'enchaînent. Les baromètres de ces changements sont multiples, les matières, les formes et les couleurs d'abord, puis les concepts et les messages. Le design est adaptable, il varie selon son temps, il parle des tendances et des goûts d'une époque, des besoins et des fantasmes de la population. Il en révèle les progrès techniques.

Le musée nous fait voyager dans le temps et chez les gens. On fait irruption dans un salon, une salle à manger ou encore une chambre à coucher. On est entouré de concret, de palpable. Et soudain, on oublie qu'on est dans un musée, on se sent chez quelqu'un. L'objet familier est là, rassurant, banal. Mais pas vraiment. Ici, l'objet embellit le quotidien, il est conçu, travaillé, retouché mille fois par des pensées expertes. Le beau se mélange à l'utile et s'insinue partout dans les petites choses de la vie quotidienne.

Ce n'est pas le grand Art ou les Beaux-arts mais l'art de tous les jours, celui qui est proche de nous mais que l'on ne remarque plus. La chaise, la table, la carafe ou le verre : ces objets dont on se sert quotidiennement et qui en disent long sur notre identité et notre époque. Objets qui pourraient être condamnés au vulgaire de par leur essence pratique et leur condition de nécessité. Mais non, ils sont ici objets de vie et d'art.

 

Alice Cannet

Crédits photos : © Les arts décoratifs / Luc Boegly / Philippe Chancel